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 DEMISSION DU MINISTRE DE LA SANTE

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Nombre de messages : 127
Localisation : Papeete
Date d'inscription : 03/09/2005

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MessageSujet: DEMISSION DU MINISTRE DE LA SANTE   DEMISSION DU MINISTRE DE LA SANTE EmptySam 11 Nov - 17:40

Monsieur le Président du Gouvernement

Objet : démission du Gouvernement


Monsieur le Président,

Par arrêté n°22/PR du 16/03/2005, vous m’avez confié des missions que je me suis efforcée d’accomplir avec loyauté et constance, mais surtout avec conviction, dans l’intérêt général de notre population, car servir son prochain a toujours représenté une valeur fondamentale à mes yeux.

Si j’ai accepté de faire partie de votre Gouvernement, c’est afin d’apporter ma pierre à l’édifice de notre Pays, en partageant mes compétences au bénéfice du plus grand nombre.

Mais force est de constater que je me suis trompée en vous rejoignant.

En effet, à plusieurs reprises, je vous ai alerté sur les difficultés rencontrées dans le secteur de la santé, qui revêtaient et revêtent encore une importance capitale telles que :

• La suppression de la quasi-totalité des taxes affectées à l’EPAP, formidable outil de coordination de la Prévention,
• La suppression d’un tiers des crédits du Fare Tama Hau, pénalisant lourdement « La Ligne verte » et « L’observatoire de l’enfant en difficulté », plate-formes stratégiques du dispositif de signalement de la maltraitance,
• La démographie médicale locale affectée de plein fouet par la démographie médicale nationale et internationale,
• Les conditions de recrutement des professionnels de santé médicaux et paramédicaux dans la fonction publique dont le statut est en inadéquation avec les réalités du terrain, certaines professions indispensables au bon fonctionnement de nos structures n’étant même pas reconnues par ce dernier,
• La nécessité de créer des postes notamment à la direction de la santé pour éviter de fermer des services et des structures partiellement voire totalement, notamment pour les archipels éloignés,
• La nécessité d’allouer des moyens humains pour l’ouverture du nouvel hôpital, car sinon ce beau bâtiment ne sera qu’une coquille vide,
• L’erreur manifeste de sortie du lait concentré sucré des produits à prix libres, alors que nos indicateurs sanitaires se dégradent notamment dans les îles Tuamotu-Gambier,
• L’impossibilité de cautionner les greffes de reins pratiquées en Chine quand on connaît l’origine des greffons eu égard à l’éthique médicale,
• La formation de nos médecins dans une faculté de médecine du Pacifique en 5 à 6 ans au lieu des 9 à 15 ans comme c’est le cas actuellement en France, afin de ne pas créer une médecine à deux vitesses pour nos populations des îles qui ne sont pas des citoyens de seconde zone,
• L’impossibilité dans l’état actuel des moyens disponibles et de la réglementation d’ouvrir une faculté de médecine en Polynésie française,
• La nécessité de maintenir l’offre de soins libérale, qui s’inscrit en complémentarité de l’offre de soins publique ; je vous avoue avoir été choquée d’entendre la déclaration faite ce mercredi 08/11/2006 en conseil des ministres « de renvoyer les médecins libéraux chez eux et de faire appel aux médecins chinois suite à l’ouverture prochaine du Consulat de Chine »,
• L’état de santé de notre population qui est alarmant et s’aggrave en raison des comportements liés aux modes de vie ; alors que dans le même temps le financement de l’EPAP ne lui permettra plus de faire de la prévention,
• Le vieillissement de notre population et sa nécessaire prise en charge sanitaire tout comme celle des personnes handicapées,
• Les dépenses de santé qui sont une réalité eu égard au profil sanitaire de notre population ; il me semble irréaliste de comparer le budget de la santé en Polynésie française et celui de Fidji (42.000.000.000 FCFP pour 252.200 habitants au lieu de 8.000.000.000 FCFP pour 800.000 habitants), notre espérance de vie et les conditions de prise en charge de la population sont le reflet de la qualité de l’offre de soins en Polynésie française,
• La volonté de dispenser les médicaments à l’unité après leur déconditionnement puis re-conditionnement en dépit des risques encourus.



D’autre part, au titre de la médecine traditionnelle, je vous ai demandé depuis plusieurs jours de me fixer une date dans votre agenda pour organiser l’assemblée générale des tradipraticiens afin que le PU ORA – Maison Polynésienne des médecines traditionnelles puisse élire son bureau pour fonctionner. Nous avons les crédits, mais nous ne pouvons pas les utiliser, faute d’Assemblée générale. Et pourtant, quel merveilleux travail accompli par tous ces bénévoles pour parvenir à la création du PU ORA.

Quant à la prévention, réel investissement pour le bien-être et le mieux-être de nos populations et de l’avenir socio-économique de notre société, je ne serai pas son fossoyeur.
Quelle lourde erreur de la délester de la majeure partie des crédits qui lui étaient alloués.
A l’occasion de débats sur les dossiers de demandes de subventions de l’EPAP en conseil des ministres, je vous avais clairement demandé si vous envisagiez de supprimer l’EPAP et vous m’aviez répondu : «Il n’en est pas question ».
Mais, au travers de la préparation budgétaire, vous cautionnez sa mise sous perfusion qui rendra cet établissement incapable de remplir ses missions C’est encore pire !
Par cette attitude, je déplore l’achèvement de formidables programmes de prévention portés et mis en œuvre par les bénévoles du tissu associatif qui ne comptent pas leur temps dans un seul souci : « l’intérêt général », souvent des publics en difficulté, se substituant en cela à la défaillance de la puissance publique.
Je me suis pourtant ouvertement exprimée à ce sujet depuis 2005, mais vous n’avez pas mesuré toute la dimension et l’importance que j’y attache.

Je suis arrivée à un stade où ces divergences perturbent gravement ma conscience compte tenu des conséquences qu’elles engendrent ou engendreront à brève échéance, en terme de responsabilités humaines.

N’en déplaise à certains, je n’ai pas accepté la mission que vous m’avez confiée pour l’image, le pouvoir ou l’argent qu’elle peut apporter, mais parce que j’avais la flamme et la volonté de travailler pour servir mon Pays avec dévouement et honnêteté, dans un esprit d’écoute et de transparence, ce qui n’est plus votre cas désormais.

Que dire de la tenue de nombreux conseils des ministres voire réunions de travail uniquement en Tahitien, ce que je considère comme un manque de respect à mon égard ou alors une façon de m’écarter des débats, car vous saviez en me choisissant que je ne maîtrisais pas la langue polynésienne.

Sachez également que les professionnels de santé quelle que soit leur appartenance politique oeuvrent pour la population, car ils ont choisi ce métier par vocation, rien ne sert d’incriminer l’un d’entre eux en raison de ses choix politiques, alors qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et méritent toute notre reconnaissance.

Pour toutes ces raisons, je vous adresse ma démission à compter de ce jour, car j’ai compris qu’en dépit de votre discours, la santé et la prévention ne figurent pas parmi vos priorités, car plus que jamais les moyens qui leur sont alloués se dégradent et les mettent en péril.

Quel gâchis, quelle amère déception pour mes collaborateurs du ministère et ceux des services et établissements placés sous ma tutelle qui s’efforcent de sauver « La Maison Santé ».

Ce n’est pas en remettant en cause tout le travail accompli par nos prédécesseurs que vous construirez notre Pays, mais en s’appuyant sur la partie de son édifice qui est solide et en renforçant et améliorant celle qui est fragile, voire en créant ce qui doit l’être.

J’ose espérer que vous comprendrez en homme de convictions que vous êtes que je me dois de respecter les miennes pour être en accord avec ma conscience.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.





Mme Pia HIRO
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